Le GIPED a accueilli le 11 juin le docteur Jean-Marc Ben Kemoun pour présenter à l’équipe du SNATED et de l’ONPE l’utilisation du Protocole NICHD (National Institute of Child Health and Human Development).
Ce protocole a été développé par Michael E. Lamb et ses collègues (1996, 2008) pour traduire les recommandations de la recherche en des étapes opérationnelles pour interviewer les enfants âgés entre 4 et 12 ans, que l’on soupçonne victimes d’agression sexuelle. Celui-ci peut toutefois être utilisé pour toute rencontre avec un enfant qui a vécu d’autres formes de maltraitance (sévices, témoin de violence conjugale) ou qui a été témoin d’un crime.
En effet, l'objectif du protocole NICHD est de diminuer la suggestibilité des intervieweurs et d'adapter leurs questions en fonction des capacités des enfants et d'aider ceux-ci à fournir un récit plus riche et plus détaillé tout en étant exact. Ainsi, l'utilisation du protocole aide les intervieweurs à poser plus des questions ouvertes pour obtenir un maximum de détails de la part des enfants. En effet, les recherches ont démontré que les questions spécifiques ou fermées (est-ce que...) sont souvent mal utilisées ou comprises par les jeunes enfants rendant leurs réponses inexactes. Les questions ouvertes, qui visent la mémoire de rappel, sont reconnues pour donner plus de détails et surtout, des détails exacts.
Destiné aux policiers et aux intervenants sociaux, le protocole NICHD est une entrevue structurée qui définit à la fois les différentes activités et étapes à réaliser avec l'enfant ainsi que les questions à demander. Le protocole comprend trois grandes étapes. La partie pré-déclarative sert à créer l’alliance avec l’enfant en créant un lien de confiance. La phase déclarative est introduite par une série de questions ouvertes afin de préciser le plus possible les souvenirs de l’enfant par rapport aux mauvais traitements au sujet desquels l'enfant est rencontré. Dès qu'une révélation est faite de la part de l'enfant, celle-ci sera examinée dans son entier à l'aide de questions ouvertes appelées invitations, de quelques questions directives (où, quand, quoi, comment, etc.) et seulement si nécessaire à la toute fin, de questions spécifiques (est-ce que…). Après avoir vérifié avec qui l'enfant en a parlé, l’étape de clôture permet de vérifier si l'enfant a autre chose à dire et de le remercier pour le travail accompli. Des recherches conduites dans au moins quatre pays différents, dont le Québec, ont démontré que l'utilisation du protocole NICHD augmente la proportion de questions ouvertes chez l’intervieweur et la quantité d’informations de la part des enfants. L’utilisation du protocole a également un impact sur le processus judiciaire, des études ayant démontré que les entrevues NICHD sont plus facilement identifiées comme crédibles et mènent à davantage de mises en accusation.
Pour plus d’informations :
Consulter le site web https://nichdprotocol.com où le protocole NICHD disponible en plusieurs langues, le matériel de formation, incluant des vidéos, ainsi qu’une bibliographie pertinente d’articles et de livre sur le sujet sont accessibles.
Consulter également l’ouvrage de Mireille Cyr intitulé « Recueillir la parole de l'enfant témoin victime: de la théorie à la pratique », éditions DUNOD, 2014.